Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/335

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Ainsi soit-il ! » reprit le singe, qui partit les yeux mouillés de larmes ; et tous ses compagnons de s’en aller, comme ils étaient venus, à leurs différentes habitations, s’entretenant tout le voyage, tant ils aimaient Râma, des grandes aventures de ce noble Raghouide.

Après le départ de tous les singes, l’homicide généreux des ennemis tint ce langage au vertueux Lakshmana, qui toujours lui fut si dévoué : « Gouverne avec moi, ô toi qui sais le devoir, cette terre qu’ont habitée les rejetons des monarques nos ancêtres, et porte, comme roi de la jeunesse, ce timon des affaires, qui n’a rien de supérieur à ta force et que nos aïeux ont jadis porté. »


Chaque jour, l’auguste et vertueux Râma étudiait lui-même avec ses frères toutes les affaires de son vaste empire. Pendant son règne plein de justice, toute la terre, couverte de peuples gras et joyeux, regorgea de froment et de richesses. Il n’y avait pas de voleur dans le monde, le pauvre ne touchait à rien, et jamais on n’y vit des vieillards rendre les honneurs funèbres à des enfants. Tout vivait dans la joie : la vue de Râma enchaîné au devoir maintenait le sujet dans son devoir, et les hommes ne se nuisaient pas les uns aux autres.

Tant que Râma tint les rênes de l’empire, on était sans maladie, on était sans chagrin, la vie était de cent années, chaque père avait un millier de fils. Les arbres, invulnérables aux saisons et couverts sans cesse de fleurs, donnaient sans relâche des fruits ; le Dieu du ciel versait la pluie au temps opportun et le vent soufflait d’une haleine toujours caressante.

Tant que Râma tint le sceptre de l’empire, les classes vivaient renfermées dans leurs devoirs et dans leurs occu-