Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/35

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Les singes à la grande vigueur se tenaient encore là, cachant leur visage entre les mains ; et ce fut un instant seulement après son départ qu’ils rouvrirent les paupières. Ils virent alors une mer épouvantable, empire de Varouna, aux bruyantes vagues, pleines de grands cétacées, et qui semblait n’avoir pas de rivages. Arrivés dans cette douce et belle région, éclairée du soleil, tous alors, comme ils avaient manqué à l’ordre qu’ils avaient reçu, tous alors ils se dirent l’un à l’autre ces paroles : « Voici déjà expiré le temps dont le roi nous imposa la loi, pour trouver l’épouse de Râma et ce rôdeur impur des nuits, le démon Râvana. »

Assis sur le flanc aux arbres fleuris du mont Vindhya, eux alors de se plonger dans une profonde rêverie.

Ensuite l’héritier présomptif, Angada, le singe aux épaules de grand lion, aux bras longs et musculeux, tient à ses compagnons cet énergique langage : « Nous sommes tous venus ici d’après l’ordre même du monarque des simiens ; mais, entrés dans la caverne et plongés dans ses ténèbres, il nous fut impossible de connaître, singes, que le mois avait achevé son cours. Maintenant que nous avons laissé fuir le temps fixé par Sougrîva lui-même, ce qui nous convient à nous, hommes des bois, c’est de nous asseoir dans une privation absolue d’aliments et d’y rester jusqu’à la mort ! Le monarque des simiens est tout puissant ; il est naturellement sévère : l’auguste Sougrîva ne voudra point nous pardonner cette transgression à ses commandements. Il ne saura pas sans doute quels épouvantables, quels immenses travaux nos efforts ont accomplis dans la recherche de Sîtâ ; il ne verra, lui, pas autre chose que la faute. Nous avions tous reçu des ordres, nous y avons tous manqué : eh bien ! renonçant à nos