Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/38

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« Qui est ce Râma pour lequel est mort Djatâyou ?

« Je suis l’aîné, princes des singes ; Djatâyou était mon jeune frère. Qui donc a tué Djatâyou ? Comment ? Où ?

« Mais je suis dans l’impuissance de voler, car les rayons du soleil ont brûlé mes ailes ; et vos grandeurs combleraient mon envie si elles voulaient me descendre vers elles du sommet où je suis de la montagne. »


Les conducteurs des singes, à ces mots dits sur un ton arraché par la douleur, se défièrent de son action et ne crurent point à son langage. Néanmoins, ces héros, entrés dans le jeûne de la mort, réfléchissaient, la tête baissée à terre, et cette pensée leur vint à l’esprit : « Ce cruel va nous dévorer tous. S’il nous mange, tandis que nous voilà tous assis dans le jeûne pour y mourir, eh bien ! notre affaire en sera plus tôt faite et nous serons arrivés d’un seul coup à notre but ! » Aussitôt venue cette réflexion, les chefs des singes descendirent eux-mêmes, de la cime où il se tenait, le colossal oiseau ; et quand ils eurent mis le volatile au pied, Angada lui tint ce langage : « Jadis vivait un singe d’une grande majesté, roi des ours et monarque des simiens. C’était mon aïeul, ô le plus noble des oiseaux. De ce prince vertueux, à l’âme pure, sont nés deux fils vigoureux et magnanimes :

« Bâli, le roi des singes, et Sougrîva, le fléau de ses ennemis. Leurs hauts faits sont également célèbres dans le monde : c’est le roi des singes qui fut mon père. Râma, ce grand héros des kshatryas, ce monarque de l’univers entier, ce fils charmant du roi Daçaratha, est sorti de sa patrie à l’ordre de son père, et, marchant sur