Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/46

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me précipitai en bas du ciel rapidement. J’étendis sur lui mes ailes comme un abri, et Djatâyou ne fut pas brûlé ; mais le soleil fit sur moi un hideux ravage, et je tombai, précipité des routes du vent. Je tombai sur le Vindhya, mes ailes brûlées, mon âme frappée de stupeur, et Djatâyou, comme je l’ai ouï dire, tomba dans le Djanasthâna. S’il ne m’était resté quelque chose du mérite acquis par mes bonnes œuvres, j’eusse été plongé dans la mer ; ou j’eusse trouvé la mort, soit au milieu des airs, soit sur les âpres sommets de la montagne.

« Privé de mon royaume, séparé de mon frère, dépouillé de mes ailes, désarmé de ma vigueur, j’ai tous les motifs pour désirer la mort. Je veux me précipiter du faîte de la montagne ! À quoi bon maintenant la vie pour un oiseau qui n’a plus d’ailes, qui ne peut marcher sans un aide, qui est devenu semblable au morceau de bois ou tel que la motte de terre ? »

« Après que j’eus parlé ainsi, en pleurant et dans une vive douleur, au plus vertueux des anachorètes, je versai des larmes, qui ruisselèrent de mes yeux, comme une rivière descend de la montagne. À la vue de ces pleurs, qui baignaient mon visage, le grand saint, touché de compassion, réfléchit un moment et sa révérence me tint ce langage : « D’autres ailes, souverain des oiseaux, te reviendront un jour, et tu dois recouvrer avec elles ta puissance de vision, ta plénitude de vie, ton intelligence, ton courage et ta force. Au temps passé, j’ai ouï dire que tu aurais à faire une grande œuvre ; je l’ai même déjà vue par les yeux de ma pénitence : apprends donc ceci, qui est la vérité.

« Il est un monarque, issu d’Iskshwâkou et nommé Daçaratha : il aura un fils d’une splendeur éclatante, ap-