Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/88

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mée dans le sérail de Râvana et bien gardée ici par nous toutes. Suis donc le salutaire conseil, Mithilienne, qui t’est donné par moi. Cultive le plaisir et la joie, dépouille ce chagrin continuel. Tu ne sais pas, toi ! Sîtâ, combien la jeunesse d’une femme est incertaine : savoure donc le plaisir, tandis que tu la tiens encore. Ivre de vin, parcours avec le monarque des Rakshasas ses délicieux jardins et ses bois d’agrément sur la pente des montagnes. Sept milliers de femmes se tiendront, Mithilienne, attentives à tes ordres. Accepte pour ton époux Râvana, le souverain de tous les Rakshasas : ou bien, si tu n’obéis pas comme il faut à la parole que j’ai dite, nous allons t’arracher le cœur et nous le mangerons ! »

Après elle, une Rakshasî d’un horrible aspect et nommée Ventre-de-tonnerre jeta ces mots, brandissant une grande pique : « Alors que je vis cette femme, devenue la proie de Râvana ; elle de qui les yeux se jouaient comme une onde et le sein palpitait de crainte, il me vint une grande envie de la manger. Quel régal, pensais-je, de savourer son foie, sa croupe, sa poitrine, ses entrailles, sa tête et son cœur tout dégouttant de sang liquide ! »

La Rakshasî, nommée la Déhanchée prit de nouveau la parole : « Étranglons Sîtâ, fit-elle, et nous irons annoncer qu’elle est morte de soi-même. En effet, quand il aura vu cette femme sans respiration et passée dans l’empire d’Yama : « Eh bien ! mangez-la ! » nous dira le maître ; je n’en doute pas. »

« — Partageons-la donc entre nous toutes, car je n’aime pas les disputes ; » lui répondit une Rakshasî, qui avait nom Tête-de-chèvre.

« — J’approuve ce que vient de nous dire ici Tête-de-chèvre. Qu’on apporte vite, reprit Çoûrpanakhâ, la furie