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RAMAYANA

terre. Mais est-il rien de plus cruel au monde qu’un monarque esclave de l’injustice et violateur d’une promesse faite à ses amis, dont il avait déjà reçu les services ? L’homme qui ment à son cheval tue cent de ses chevaux ; s’il ment à sa vache, il tue mille de ses vaches ; mais l’homme qui ment à l’homme se perd lui-même avec sa maison. L’homme qui fait un mensonge à la terre, son châtiment frappe dans sa famille et ceux qui sont nés et ceux qui sont à naître. Il y a, nous dit-on, égalité entre le mensonge à l’homme et le mensonge à la terre. Le mensonge à la terre atteint la postérité du menteur jusqu’à la septième génération. L’ingrat qui, obligé par ses amis, ne leur a jamais payé de retour le service rendu, mérite que tous les êtres conspirent à sa mort.

« Insensé, tu oublies que naguère, sur le Rishyamoûka, une des plus saintes montagnes, tu pris nos mains dans les tiennes pour nous garantir la vérité de ton alliance. Et maintenant, plongé dans tes voluptés matérielles, voici que tu déchires le traité !

« Ni la vérité, ni la promesse, ni l’autorité, ni la conférence, ni les mains serrées en présence du feu allumé ne sont rien à tes yeux ! Ce fut, pervers, ce fut donc en toutes les façons que tu as trompé mon frère ; lui, ce sage, à l’âme droite ; toi, cœur vil, aux pensées tortueuses ! Un tel mépris fait bouillonner dans mon sein une ardente colère, comme le gonflement du magnanime Océan au jour de la pleine-lune. Je vais t’envoyer, frappé de mes flèches aiguës, dans les habitations d’Yama ! Certes ! ici, avec mes flèches, moi qui te parle, je t’immolerai, comme le fut ton frère, toi, qui as déserté le chemin de la vérité, ingrat, menteur, aux paroles emmiellées, à l’âme inconstante et mobile par le vice de ta race ! »