Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/90

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Lakshmana ! » fit-elle encore : « Hélas ! Kâauçalyâ, ma belle-mère ! Hélas ! noble Soumitrâ !

« Heureux les regards qui voient ce rejeton de Kakoutstha, à l’âme reconnaissante, aux paroles aimables, aux yeux teints comme les pétales du lotus, au cœur doué avec le courage des lions. De quel crime jadis mon âme dans un autre corps s’est-elle donc souillée, pour que je doive subir un tel chagrin et cette horrible torture ! Honte à la condition humaine ! Honte à celle de l’esclave, puisqu’il m’est impossible de rejeter la vie à ma volonté ! Puisque Yama ne m’entraîne pas dans son empire, moi, ballottée dans une douleur sans rivage ! »

Tandis que la fille du roi Djanaka parlait ainsi, des larmes ruisselaient à son visage ; et, malade, vivement affligée, la tête baissée à terre, la jeune femme se lamentait comme une égarée ou telle qu’une insensée ; tantôt, comme engourdie au fond d’une tristesse inerte ; tantôt, se débattant sur le sol comme une pouliche qui se roule dans la poussière.

« Si Râma savait que je suis captive ici dans le palais de Râvana, sa main irritée enverrait aujourd’hui ses flèches dépeupler tout Lankâ de Rakshasas ; il tarirait sa grande mer et renverserait la ville même !

« Rien n’y serait épargné, en premier lieu, dans la race impure du vil Râvana ; ensuite, dans chaque maison des Rakshasîs, qui tomberaient elles-mêmes sur leurs époux immolés ; et la cité résonnerait alors de mes chants, comme elle retentit à cette heure de mes plaintes larmoyantes ! Oui ! Râma, secondé par Lakshmana, viderait tout Lankâ de Rakshasas, et l’on chercherait un jour la ville sur la terre où maintenant elle s’élève !

À ce langage de Sîtâ, ses gardiennes sont remplies de