Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/118

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Ainsi les dernières paroles de Calvin, au milieu de disciples qui le respectaient comme un père, gardèrent l’accent de la menace ; les dernières paroles du Christ à une foule ameutée ne furent que des paroles de pardon.

La grandeur de Calvin est dans la fermeté de sa foi. Aucune considération humaine ne l’eût fait céder d’un pas. Il eût vu périr Genève plutôt que de sacrifier un seul principe. Quelques passages de ses lettres, choisis au hasard au milieu de mille autres, suffiront à montrer comment il comprenait sa vocation :

Un chien aboie, s’il voit qu’on assaille son maître, écrit-il à la reine de Navarre ; je serais bien lâche, si, en voyant la vérité de Dieu ainsi assaillie, je faisais du muet, sans sonner mot.

Ailleurs il s’écrie :

J’aimerais mieux être confondu en abîme que de détourner la vérité de Dieu pour la faire servir à haine en faveur de créature quelconque… Quand j’aperçois quelqu’un, par sa mauvaise conscience, renverser la parole du Seigneur et éteindre la lumière de vérité, je ne lui pourrais nullement pardonner, et fût-il cent fois mon propre pére !

Toute la vie de Calvin est un commentaiire de ces mâles paroles.

Sa faute est d’avoir voulu sonder les consciences et faire de sa main la séparation des boucs et des brebis. Il ne distingua jamais entre la vérité elle--