Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/151

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celle-là. C’est un drapeau quMls ont élevé et autour duquel se rangent tous les jours de nouveaux combattants : M. Astié paraît s’être formé à leur école, à celle de Vinet surtout. Il s’est inspiré de leur pensée, et il a voulu la placer définitivement sous le haut patronage de Pascal. Là est l’intérêt des deux volumes qu’il vient de nous donner. C’est une œuvre collective autant qu’une œuvre individuelle ; elle est portée et soutenue par l’un des courants divers qui vont croisant leurs flots dans le vaste lit où coule le fleuve du siècle. Là est le secret de l’importance que M. Astié attache à cette transition si logique et si saisissante, ou plutôt à ce saut rapide (car ce plan nouveau des Pensées se distingue justement par l’absence de toute transition) qui doit placer brusquement le pécheur convaincu de sa misère en face du grand réparateur.

Cependant, l’importance qu’il peut y avoir à rattacher Pascal à telle école de théologiens plutôt qu’à telle autre, nous fera-t-elle passer par-dessus les droits inaliénables de la vérité historique ? Si Schleiermacher, si Vinet, si M. Charles Secretan, si M. Astié descendent de Pascal, tant mieux ; ils seront dans ce cas d’un bon lignage. Mais, avant toutes choses, respectons Pascal : n’altérons pas cette grande figure. Refusons pour lui l’honneur d’une pareille postérité, s’il faut, pour qu’il l’obtienne, mêler à son sang quelques gouttes d’un sang étranger.