Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/221

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pose Etienne Périer. Il est telle page où Pascal se borne à rapprocher le fait des contradictions de la nature humaine de l’idée de la chute, comme s’il était de soi-même évident que cette idée en fournît l’explication nécessaire ; telle page où il donne raison contre nous et contre lui-même à la préface de M. Astié ; où, peu fidèle aux inspirations d’une inflexible dialectique, il insinue la réponse dans la question, c’est-à-dire le dogme chrétien de la chute dans l’énoncé même du problème philosophique des contradictions.

Pascal a songé cependant à montrer la supériorité de la doctrine religieuse sur les doctrines philosophiques. À ses yeux l’armée des philosophes se range en deux colonnes ennemies, à la tête desquelles se placent Epictète et Montaigne, qui l’un et l’autre n’ont vu la nature humaine que par un côté. Cette critique sommaire de toute l’œuvre de la philosophie avant Pascal est-elle bien juste ? On pourrait, je le crois, le contester ; mais je veux l’admettre.

Il reste à savoir si elle l’est encore maintenant, si l’on peut aujourd’hui faire aussi bon marché que Pascal de tous les travaux de la science sur les phénomènes de la vie morale.

Si, par hasard, il se trouvait une théorie plus ou moins récente qui contestât la justesse de l’explication chrétienne et qui se mît ouvertement sur les rangs pour lui disputer la palme, il importerait plus