Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ce fut sur ces entrefaites que Calvin parut à Genève. Il était l’homme de cette œuvre nouvelle. Sur lui en retomba tout le poids ; à lui en revient toute la gloire.

La querelle s’engagea sur quelques questions de cérémonies, questions secondaires qui n’étaient qu’un prétexte. Dans le fait, Genève était pour la troisième fois divisée en deux factions, aussi acliarnées l’une contre l’autre que les précédentes. Après les Eidguenots et les Mameluz, après les catholiques et les protestants, c’étaient les libertins et les calvinistes. Calvin, pour commencer son ministère, avait dressé une confession de foi dont les Genevois avaient entendu la lecture dans le temple de Saint-Pierre et qu’ils avaient jurée. Voulant rendre le culte aussi simple que possible, il avait aboli les quatre grandes fêtes, Noël, Pâques, l’Ascension et la Pentecôte. Il avait de même aboli l’usage des fonts baptismaux et celui des pains sans levain. Sur tous ces points, il s’était montré plus rigoureux que les autres réformateurs. Les mécontents tirèrent un habile parti de cet excès de sévérité. Ils parlèrent au peuple de ses vieilles franchises ; ils se plaignirent du rigorisme de ces étrangers qui venaient commander aux enfants de Genève ; ils osèrent enfin se présenter devant le conseil, protestant qu’ils voulaient vivre en liberté et ne point être contraints au dire des prêcheurs.