Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/345

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publié le Roi de Cocagne tout entier, sous forme d’appendice à son Cours de littérature dramatique. Ce n’est pas la moins intéressante des pièces du procès, et elle manque à la plupart de ses lecteurs. Malgré cette lacune, on ne tarde pas à s’apercevoir que le système du critique allemand, fût-il juste en soi, n’est pas d’une application facile. Nombre de disciples l’ont suivi jusqu’au bout, et se sont fait une histoire littéraire où Ménandre, Plante, Térence et surtout Molière, représentent avec plus ou moins d’éclat un genre faux et bâtard, né d’une dégénérescence de la grande comédie, qui fut celle d’Aristophane, et dont Shakespeare a retrouvé le secret. D’autres critiques, en adoptant quelques-unes de ses idées principales, ont regretté qu’il n’eût pas compris Molière, dont la gaieté comique alla toujours gi’andissant, preuve en soit le Malade imaginaire. On a même soutenu qu’il faisait tort à Aristophane, malgré les éloges dont il le comble. S’il augmente dans l’œuvre de Molière la part du sérieux, il la diminue dans Aristophane. Les caricatures du poète grec ne sont pas de simples fantaisies bouffonnes. Le Brekekekex de ses Grenouilles n’était pas si innocent, le dard empoisonné ne faisait point défaut à ses Guêpes, et il y avait bien quelques menaces dans ses Nuées : Socrate l’apprit à ses dépens. Ce joyeux rieur a été le plus satirique des poètes, et il a fustigé les Athéniens comme Molière les Français.