Page:Rambert - Études littéraires, t1, 1890.djvu/390

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rhétorique qui ont formé le goût moderne. Depuis qu’une pensée sémitique s’est emparée du génie des races ariennes, et que la décadence de l’empire romain a produit en Europe le plus formidable remuement dont les hommes aient gardé le souvenir, il n’y a rien, ni dans nos mœurs, ni dans nos lois, ni dans notre politique, ni dans nos arts, ni dans notre philosophie, ni dans notre religion, rien qui ne soit le résultat d’un ou plusieurs amalgames, curieusement élaborés par ce grand expérimentateur qui s’appelle l’histoire.

L’essentiel est de comparer des choses comparables. On compare deux viandes ; on ne compare pas une viande avec le ragoût d’un vol-au-vent. Si l’on veut établir un parallèle vrai, et par conséquent instructif, entre les anciens et les modernes, il faut prendre l’un après l’autre les éléments multiples dont se compose le génie de nos races actuelles — le juif, le grec, le latin, le germain, le celtique, etc. — et voir ce qu’ils sont devenus dans les diverses combinaisons auxquelles ils ont donné lieu. Aucun n’est resté à l’état pur, ils se sont tous plus ou moins modifiés : chacune de ces modifications est importante à étudier. Il est également important de rechercher si leur mélange n’a pas des vertus qu’on ne retrouve dans aucun d’eux pris isolément, comme cela arrive pour la poudre, qui est explosible, quoique les substances dont elle est composée ne le