Page:Rameau - La Vie & la Mort, 1888.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


« Hum ! cette ovation me paraît mal conduite !
Pensa-t-il. Avisons ! »
Et, déroulant sa queue énorme, il prit la fuite,
En sautant, en sautant, de buissons en buissons,
Sous les arbres grisons.

Il courut, il courut sur la terre déserte,
Il courut, il chercha
Une montagne haute et de neige couverte.
Il en vit une au loin. Lestement, comme un chat,
Dessus, il se percha.

« Hum ! dit l’Empereur noir, les vilaines manières ! »
Se voyant dénicher,
Il fit une gambade, enfila des tanières
D’ours blancs, et défiant ses sujets d’approcher,
Entra dans un rocher.

« Le roc est bien trop dur pour qu’on vienne m’y prendre !
Tâchons de nous tapir ! »
Mais, sous le fer de l’Homme, il vit le mont se fendre !
Hum ! Le Diable éteignit un volcan d’un soupir,
Mais il dut déguerpir.

« Tant d’assiduité chez mon peuple me flatte ! »
Dit-il en maugréant.
Et, voyant luire au loin la mer trompeuse et plate,
Il courut, puis du haut d’un platane géant,
Plongea dans l’Océan.