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à zéro ? et cela sur je ne sais quelle misérable opinion, que les propriétaires sont seuls intéressés au maintien de l’ordre et du Gouvernement : maxime fausse émanée des riches pour s’emparer du pouvoir et opprimer le pauvre. Celui-ci a mille fois plus de bons sentimens que ceux qui les lui contestent. On le voit toujours s’attacher au parti de l’honneur, tandis que les puissans le sacrifient à leur intérêt, Des dignités et de l’or, vous les verrez constamment au plus offrant et dernier enchérisseur.

Autre violation des principes ; c’est de nous donner la Charte comme article de foi. Le Corps législatif n’a-t-il donc été assemblé que pour l’accepter ? Peut-on lui ôter le droit de l’examiner, de la discuter ? Ne fût-ce que pour la forme, on devait avoir l’air de le consulter. Alléguera-t-on que la Commission ayant concouru à ce travail, le Corps est censé y avoir participé ? Mais on sait que toute Commission ou tout Comité chargé d’un travail quelconque, est tenu d’en rendre compte à la masse, et de prendre son avis. Or, la Commission a-t-elle rempli cette obligation envers le Corps législatif ? Non, puisque le travail s’est fait à huis clos. Ainsi l’opinion d’une demi-douzaine de membres fait loi pour tout le reste et pour la Nation en général. Et cela s’appelle une Constitution faite et consentie par le grand nombre ? Pas plus qu’elle ne l’est pour lui. Comment les conseillers du roi peuvent-ils égarer à ce point un prince rempli de bonnes intentions ? Comment travaillent-ils à lui aliéner son peuple, quand son peuple et lui ne demanderaient qu’à s’en rapprocher ? Qu’il se rappelle les transports d’alégresse