Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



Non, mon cher Posthumus, ce n’est pas d’aujourd’hui
Qu’un profane adultère insulte au lit d’autrui.
Ce crime est déjà vieux. Tous les autres, peut-être
C’est le siècle de fer qui les a vus paraître ;
Mais la fidélité dans l’amour conjugal,
N’alla pas jusqu’au temps du troisième métal.
De l’hymen, cependant, tu prépares la fête ;
D’un habile coiffeur le peigne orne ta tête,
Et peut-être déjà, pressant un jour si beau,
Au doigt de ta future as-tu placé l’anneau.
On vantait ton bon sens, et tu prends une femme !
Dis, quelle Tisiphone a donc saisi ton Ame ?
Quels serpents ont soufflé leur poison dans ton sein ?
Tandis qu’un bout de corde à tes jours mettrait fin ;
Quand du haut de ces toits qui montent vers la nue,
Tu peux, la tête en bas, te jeter dans la rue,
Lorsque le pont d’Émile est à deux pas de toi,
D’un maître en ta maison tu vas subir la loi !
Si de tous ces moyens aucun ne peut te plaire,
Ne vaudrait-il pas mieux laisser à l’ordinaire
Dormir auprès de toi ce bel adolescent
Qu’un sordide intérêt ne rend point caressant,
Et qui, si ton ardeur vient la nuit à s’éteindre,
De ta langueur du moins n’a pas droit de se plaindre ?
Mais non, Ursidius heureusement changé,
Sous la loi Julia désormais s’est rangé ;
D’un fils en espérance il caresse l’image,
Dût-il des captateurs de son riche héritage,
Perdre et les surmulets et les grands tourtereaux,
Et tout ce qu’ils lui font de précieux cadeaux.
Quoi d’incroyable, alors qu’Ursidius prend femme,
Alors qu’un débauché, qu’un adultère infâme,
Obligé tant de fois, pour tromper un mari,
A chercher dans un coffre un ridicule abri,
Lui-même, travaillant à son propre esclavage,