Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/125

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Présente un front stupide au joug du mariage ?
Que dis-je ?… Ursidius en ses chastes amours,
Exige les vertus, les mœurs des anciens jours :
On les cherche pour lui. Venez, fils d’Archigène,
Et qu’au milieu du front on lui frappe la veine,
Il a perdu la tète. Homme délicieux !
Immole une génisse à la mère des dieux,
Cours du mont Tarpéïen adorer le portique,
S’il t’échoit en partage une femme pudique.
Quelle vierge, ô Cérès ! en ces jours criminels,
Est digne de toucher tes bandeaux solennels ?
Et combien en voit-on dont la bouche adultère
Ne fît, en le baisant, rougir le front d’un père ?
N’importe : de lauriers ombrage ton palais.
La chaste Ibérina va combler tes souhaits :
Un homme lui suffit. —Un homme ! l’impudente !
Avec un œil plutôt elle vivrait contente.
—J’en sais une pourtant qui, prônée en tous lieux,
Vit au simple village où sont nés ses aïeux.
—Qu’à Fidène, à Gable, elle soit aussi sage,
Et je crois aux vertus de son simple village.
Encor qui répondra que sur le haut des monts,
À l’ombre des forêts, dans les antres profonds,
Son austère pudeur n’a pas reçu d’outrage ?
Mars est-il décrépit, et Jupiter hors d’Age ?

Parcours, ô Posthumus, ces portiques nombreux ;
Dans le cirque avec moi viens assister aux jeux,
Et de tant de beautés, dans l’assemblée entière,
Dis celle qui te plaît, à qui tu voudrais plaire,
Que tu pourrais aimer avec sécurité,
Et sur laquelle enfin ton choix s’est arrêté.
L’efféminé Bathylle, en une danse obscène,
Sous les traits de Léda paraît-il sur la scène ?
Tous les cœurs embrasés frémissent de désir :
Chloris se pâme : Églé pousse un cri de plaisir.