Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/143

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Il est peu de procès où l’ardente chicane
D’un sexe querelleur n’ait emprunté l’organe.
Manilie au barreau vient discuter les lois :
Accusée ou plaignante, elle y soutient ses droits,
Et seule rédigeant ses moyens de défense,
Donnerait à Celsus des leçons d’éloquence.

Qui n’a pas vu souvent des femmes sans pudeur
Usurper l’endromide et l’huile du lutteur ?
Qui n’a point, sur le psi en butte à leurs atteintes,
Remarqué de l’épieu les profondes empreintes ?
Art sublime et vraiment digne des jeux Floraux,
A moins que, méditant de plus rudes assauts,
En plein amphithéâtre, athlètes formidables,
Elles n’aillent livrer des combats véritables !
De quoi pourrait rougir, sous un casque effronté,
Celle qui, préférant la force à la beauté,
Pour sa seule vigueur prétend qu’on la renomme ?
Ne croyez point pourtant qu’elle voulût être homme.
Femme expérimentée, elle sait trop combien
Le plaisir d’un amant est moins vif que le sien ;
Le bel honneur pour toi, lorsque, dans une enchère,
Le crieur Machéra, d’une épouse si fière,
Adjuge au plus offrant, l’attirail tout entier,
Son cimier, ses jambarts, ses gants, son baudrier !
Ou que, dans d’autres jeux athlète plus savante,
Elle met en public ses bottines en vente !
Et voilà ces beautés qu’on voit si mollement
Succomber sous le poids du moindre vêtement,
Que d’un fil de Bombyx la simple trame écrase,
Que brûle, que dévore une légère gaze !
Regarde cependant ces habits retroussés,
Ce casque, ce jarret, ces coups sûrs et pressés,
Et ris, lorsqu’en un coin détachant leur ceinture,
Certain besoin les force à quitter leur armure.
Filles des Fabius, parlez : un histrion