Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/171

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Souviens-toi, Posthumus, d’éviter en chemin
Celle qu’on voit toujours, ses tablettes en main,
Tourner et parcourir avec des yeux avides,
Les feuillets presque usés de ses éphémérides ;
Qui ne consulte plus, mais qu’on vient consulter ;
Qui, lorsque son époux, contraint de se hâter,
Doit rejoindre le camp ou regagner la ville,
Si le jour est contraire aux nombres de Thrasylle,
Ne pourra se résoudre à partir avec lui.
Veut-elle, pour tromper son indolent ennui,
Se faire transporter à cent pas de la porte ?
Son grimoire lui dit quand il faut qu’elle sorte.
Sent-elle au coin de l’œil une démangeaison ?
C’est son thème natal qui, pour la guérison,
Lui montre la recette en ce cas exigée.
Est-elle dans son lit au régime obligée ?
Pour l’heure qui convient aux aliments prescrits,
Elle n’ajoute foi qu’à son Pétosiris.

Celle qui n’appartient qu’à la classe commune,
Court, aux bornes du cirque, apprendre sa fortune ;
Elle tire les sorts, et l’habile devin
On lui touche le front, ou lui palpe la main.
Elle consent à tout et se prête sans honte
Aux baisers indécents qu’il lui demande à compte.
La plus riche interroge un prêtre phrygien,
Un habile astrologue, un augure indien,
Ou le vieillard chargé d’enfouir sous la terre
Les objets qu’en tombant profana le tonnerre.
Pour celui dont la foule apprend son vil destin,
On va le consulter dans le champ de Tarquin ;
Et celle qui, la tête et le cou sans parure,
Par un simple fil d’or retient sa chevelure,
Entre deux artisans incertaine en son choix,
Trouve aussi son oracle, auprès des tours de bois.


Mais la femme du moins, en cette classe obscure,