Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/201

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Au savant Palémon, au docte Encéladus,
Pour les pénibles soins qu’exige la grammaire,
Du rhéteur seulement accorde le salaire ?
Et pourtant, sur ce fruit de leur triste labeur,
Il leur faut, sans compter le droit du gouverneur,
Mettre encor de côté la port de l’économe.
Que faire, Palémon ? céder, et sur ta somme
Souffrir, comme un marchand, cet insolent rabais :
Trop heureux si, touchant le reste sans délais,
Tu n’as pas vu périr tout le fruit de ta peine !
Si, quand le forgeron et le cardeur de laine
Goûtaient tranquillement un paisible sommeil
Toi, devançant de loin le lever du soleil,
Au milieu des grimauds qui gâtaient, dans ta classe,
Les chefs d’œuvre enfumés de Virgile et d’Horace,
Tu n’as pas, sans profit, en ton grenier obscur,
D’un fétide lambris respiré l’air impur !
Que dis-je ? du préteur obtiens une sentence,
Ou n’attends de tes soins aucune récompense
Courage ! père ingrat : exige désormais
Qu’un maître en ses discours ne se trompe jamais :
Exige qu’il connaisse et la fable et l’histoire :
Que le ciel l’ait doué d’une heureuse mémoire :
Qu’il puisse nettement, lorsqu’en allant au bain,
Il te vient par hasard quelque doute en chemin,
Aux moindres questions répondre sans remise :
Te dire quelle était la nourrice d’Anchise :
Te désigner le nom, t’indiquer le pays
De celle qui, cédant aux transports d’un beau-fils,
A la cour de Rhétus, se souilla d’un inceste :
A quel âge précis mourut le bon Aceste ;
Et combien, de ce roi sensible à son destin,
Enée en le quittant reçut d’outres de vin !
Exige qu’avec soin, comme un sculpteur habile,
Façonnant de tes fils la molle et tendre argile,