Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/209

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Pour venger la noblesse et défendre ses droits,
Pour résoudre au barreau les énigmes des lois,
Pour démêler les nœuds de la jurisprudence,
Venir d’un avocat implorer l’éloquence ?
N’est-ce point là, malgré votre injuste dédain,
Qu’on trouve les vainqueurs de l’Euphrate et du Rhin,
Et ceux dont la vaillance aux rives du Batave,
Veille sous les drapeaux qui le tiennent esclave ?
Mais toi, fils de Cécrops, sans ton nom, tu n’es rien,
Et d’un buste d’Hermès mis à côté du tien,
Si nous ne trouvons pas la ressemblance entière,
C’est que l’un est vivant, et que l’autre est de pierre.

Dis-moi, grand citoyen, noble sang d’Iulus,
Quels sont les animaux qu’on estime le plus ?
On fait cas d’un coursier qu’on voit dans la carrière,
Le premier, sous ses pas, soulevant la poussière,
Aux acclamations des spectateurs surpris,
Raser, franchir la borne et remporter le prix :
Qu’il ait de ses rivaux surpassé la vitesse,
On ne demande pas ses titres de noblesse ;
Mais d’Hirpin, d’Eoüs l’indigne rejeton,
Si jamais le héraut n’a proclamé son nom,
Si jamais dans le cirque on n’a vu la victoire,
Assise sur le joug, le guider vers la gloire,
En dépit des aïeux dont il est descendu,
Au marché sans honneur dans la foule est vendu.
Là, que font les exploits, les ombres des ancêtres ?
Il faut, au plus vil prix, passer à d’autres maîtres,
Et le front incliné sous d’ignobles travaux,
Aller tourner la meule ou tramer les râteaux.
Veux-tu donc, d’un beau nom héritier magnanime,
Par toi seul, ô Blandus, mériter notre estime ?
Né d’illustres parents, sois illustre à ton tour ;
Et qu’un titre nouveau vienne se joindre un jour
A ceux qu’on a donnés et que l’on donne encore