Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/225

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La nuit, pour embraser nos temples, nos tombeaux,
Déjà nouveaux Brennus, vous teniez les flambeaux ;
Mais le consul vous voit, il entend vos menaces,
De votre aigle surprise il a saisi les traces ;
Et cet homme nouveau, fils d’un simple greffier,
Cet Arpinate obscur, depuis peu chevalier,
Du peuple consterné seul calmant les alarmes,
Veille et place partout des gardes sous les armes.
Sans sortir de nos murs, pacifique vainqueur,
La toge lui valut plus d’éclat, plus d’honneur,
Qu’Octave triomphant n’en dut à son épée,
Aux champs thessaliens, de carnage trompée.
De ces champs malheureux, tombeau des vrais Romain,
Trop de sang a flétri les lauriers inhumains ;
Mais Rome en liberté, Rome émue, attendrie,
Proclama Cicéron père de la patrie.

Un autre citoyen de ces murs glorieux,
Marius, comme lui, s’illustra sans aïeux.
Chez les Volsques d’abord laboureur mercenaire,
Au prix de ses sueurs il gagnait son salaire.
Puis, jeté dans les rangs de quelque légion,
Il suivit à la guerre un dur centurion
Qui, le sarment en main, gourmandant sa paresse,
Aux fatigues des camps façonna sa jeunesse.
Des Cimbres, néanmoins, qui couvraient nos sillons,
C’est lui qui renversa les nombreux bataillons :
Qui changea leur orgueil en tristes funérailles,
Qui de son bouclier couvrit seul nos murailles.
Aussi quand les corbeaux effrayés et surpris
Des corps de ces géants dévoraient les débris,
Le fier patricien qui partagea sa gloire,
N’eut que le second rang sur son char de victoire.


— Vous aussi, Décius, généreux citoyens,
Vous portiez et des noms et des cœurs plébéiens :
Vos têtes, cependant, offrande magnanime,