Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/227

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Pour apaiser Tellus, assez noble victime,
Arrachèrent deux fois au courroux des destins,
Rome et ses alliés et les peuples latins.
C’est qu’aux yeux de Tellus par vos mènes calmée,
Vous valiez plus que Rome et le peuple et l’armée.


Servius, le dernier des rois chers aux Romains,
Quoique fils d’une esclave, aux honneurs souverains,
A force de vertus, s’élevant par lui-même,
Ceignit de Quirinus le sacré diadème !
Et vous, dont la patrie attendait des haut-faits,
Capables d’étonner Mutius et Codés,
Et celle que l’on vit, d’un peuple peine libre,
Regagner la frontière, en traversant le Tibre,
Vous qui, le fer en main, deviez aux premiers rangs,
Mourir sur nos remparts, ou punir les tyrans,
Des Tarquins exilés appelant les cohortes,
C’est vous, fils du consul, qui leur ouvrez nos portes !
Les indices secrets d’un si lâche attentat,
Quel mortel généreux les révèle au sénat ?
Un esclave. Sénat, consuls, brisez ses chaînes,
Et sur sa tombe, un jour, pleurez, dames romaines ;
Mais vous, fils de Brutus, vils esclaves des rois,
Expirez les premiers sous la hache des lois.


J’aime mieux qu’à Thersite on doive la naissance,
Lorsque du grand Achille on peut brandir la lance,
Que si, du grand Achille indigne descendant,
On n’était au combat qu’un Thersite impudent.
Au reste, quel que soit l’éclat de ta famille,
Dût-elle à Romulus l’éclat dont elle brille,
Songe que le premier de tes nobles parents
Ne fut qu’un fugitif, un pâtre, — ou… tu m’entends.