Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/267

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Il est temps de passer à nos propres annales.
Du rival de Sylla les disgrâces fatales,
Son exil, sa prison, Minturne et les roseaux
Où la nuit le dérobe au glaive des bourreaux,
Et le pain qu’il mendie aux lieux où fut Carthage,
D’où lui vient cet excès d’infortune et d’outrage ?
Il vécut trop d’un jour. Quel homme plus heureux,
Quel guerrier revêtu de titres plus pompeux,
Si, dans le même instant où, rayonnant de gloire,
On le vit s’avancer sur son char de victoire,
Et vers le capitole, en nos remparts surpris,
Des Cimbres, des Teutons promener les débris,
Tout à coup, de ses jours un dieu coupant la trame,
Il eût en triomphant exhalé sa grande âme ?
Naples, qui de Pompée a prévu le malheur,
Par une heureuse fièvre enchaîne sa valeur ;
Mais nos cités en deuil, mais les larmes de Rome,
A de nouveaux malheurs appellent ce grand homme ;
Il y court, et sa tête échappée au danger,
Tombe, après le combat, sous un glaive étranger.
Ainsi, pour mettre un terme à la guerre civile,
Le voulait sa fortune et celle de la ville !
Ce supplice du moins épargna Céthégus ;
On ne mutila point le corps de Lentulus ;
Et Catilina même, exempt d’un tel outrage,
Fut trouvé tout entier sur le champ du carnage.

Aux autels de Vénus, une mère, en tremblant,
Se présente inquiète et d’un pied chancelant :
O Vénus, de tes dons embellis ma famille ;
Répands-les sur mon fils, et surtout sur ma fille ;
Tel est le vœu timide et plein d’anxiété
Qui fait battre son cœur tendrement agité.
Un tel vœu, direz-vous, n’a rien que l’on condamne ;
Latone s’applaudit des charmes de Diane.
Oui ; mais, par la rigueur de son fatal trépas