Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/271

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Mais ton Endymion, fidèle à ses amours,
N’aura qu’une Diane et l’aimera toujours.
Vaine erreur. Qu’à ses yeux Pompéïa se présente :
Elle est riche : il suffit : la fortune le tente :
Sans amour, par calcul, il tombe à ses genoux,
Et Pompéïa pour lui vend jusqu’à ses bijoux.
Quelle femme en effet, ou Julie ou Catulle,
Quand un désir brûlant en ses veines circule,
Quand l’espoir du plaisir l’inonde de sueur,
Refusa jamais rien à sa pressante ardeur ?

— En quoi donc le présent d’une beauté modeste
A l’homme vertueux peut-il être funeste ?
— Considère Hippolyte, et vois Bellérophon :
A leur austérité quel prix réserve-t-on ?
Sténobée en rougit : Phèdre en frémit de rage
L’une et l’autre, jurant de venger son outrage,
Ne voit plus son amant qu’avec des yeux d’horreur.
La femme dédaignée est un tigre en fureur.
Silius a frappé les yeux de Messaline :
L’épouse de César à son lit le destine ;
Parle, que fera-t-il ? que lui conseilles-tu ?
Modèle de beauté, de grâce, de vertu,
Vainement il repousse une flamme abhorrée ;
Messaline l’a vu : sa perte est assurée.
Déjà dans les jardins, pour cet hymen fatal,
Tout est prêt, les flambeaux, le voile nuptial,
La couche des époux, l’augure, la victime,
Et les témoins d’usage, et la dot légitime.
Tu croyais, Silius, qu’en un secret profond,
Elle voudrait de Claude ensevelir l’affront.
Non, des lois, des autels, pour ce nœud sacrilège,
Elle réclamera l’auguste privilège.
Choisis. Il faut céder ou périr dans le jour.
Si tu veux couronner son criminel amour,
Tu vivras jusqu’à l’heure où de cette aventure