Page:Raoul - Trois satiriques latins, vol 1 Juvénal, 1842.djvu/301

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Quand sondain, éclatent d’une rare blancheur,
Avec trente petits de la même couleur,
Une laie apparut aux descendants de Troie,
Qui, frappés de surprise et transportés de joie,
Du fortuné présage offert à leurs regards,
Donnèrent le nom d’Albe à leurs nouveaux remparts.
Du vaisseau mutilé la débile carène
Double péniblement le phare de Thyrrène ;
Elle gagne ce port dont les moles hardis
Par d’immenses travaux à deux fois arrondis.
S’avancent sur la mer, en fuyant nos rivages.
Qui pourrait comparer à de pareils ouvrages.
Ces ports que la nature à creusés sans dessein ?
Le pilote, en ce vaste et tranquille bassin,
Met enfin à l’abri sa poupe fracassée ;
IL n’a plus rien à craindre ; et, la tête rasée.
Le matelot bavard, dans des récits joyeux.
Se plait à raconter ses travaux périlleux.
Allons ! plus de délais : que la fête commence :
Attentifs à ma voix, enfants, faites silence ;
Décores de festons et le temple et l’autel ;
Saupoudrez les couteaux de farine et de sel ;
Je vous suis, et sitôt qu’à mes désirs propice
Le ciel aura reçu ce premier sacrifice.
Je rentre en ma maison où, de lierre ombragés,
Mes Pénates de cire en ordre sont rangés.
Là, de mon Jupiter j’encenserai l’image ;
Là, mes dieux paternels recevront mon hommage ;
Je n’épargnerai rien, et, prodigue de fleurs.
Mes mains en répandront de toutes les couleurs.
Déjà de toutes parts ma maison est ornée :
Déjà de longs rameaux ma porte est couronnée,
Et des feux allumés longtemps avant le jour,
De l’ami que je fête annoncent le retour.
Ne va point, Gorvinus, d’un soupçon téméraire,