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promouvoir l'insertion sociale et de lutter contre la pauvreté et l'exclusion, en particulier s'il s'agit d'un emploi productif et librement choisi. Ces derniers temps, l'OIT a souligné dans ses contributions - et c'est un aspect important qu'elles présentent - que le moyen le plus efficace de lutter contre le chômage et l'exclusion est de respecter l'ensemble de normes internationales du travail. De ce point de vue, les libertés syndicales sont la contrepartie et la garantie de la liberté du commerce (voir en plus du cinquième rapport, la dimension sociale de la libéralisation du commerce international, BIT, Genève, et la lutte contre le chômage et l'exclusion : problèmes et options politiques, BIT, Genève).

Les commissions régionales

Au niveau régional, la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO) et la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) ainsi que la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) ont consacré une grande partie de leurs activités à l'élaboration de méthodes permettant de mesurer la pauvreté et de formuler des programmes et des politiques pour son élimination. Ce travail a été d'une très grande utilité pour le Rapporteur spécial.

La contribution des organisations non gouvernementales

Cette question mérite une attention particulière et devrait faire l'objet d'une étude séparée car la contribution des organisations non gouvernementales à la lutte contre la pauvreté, l'extrême pauvreté, l'exclusion sociale et, de manière générale, leur action en faveur du droit au développement sont si vastes et leurs activités si variées qu'il est impossible d'en donner ici une description complète et juste.

A titre indicatif et à seule fin d'illustrer l'importance que peuvent avoir des institutions non gouvernementales, nous rappelons les activités d'un organisme mondialement connu sous son nom anglais, la Grameen Bank. Cette banque a pris le contre-pied de prudence bancaire traditionnelle en renonçant à exiger des garanties des emprunteurs et en créant un système bancaire fondé sur la confiance mutuelle, la transparence, la participation et la créativité. Elle consent des crédits aux villageois les plus pauvres du Bangladesh sans demander de caution. Pour la Banque Grameen, le crédit est l'issue qui permet d'échapper au cercle vicieux de la pauvreté et le catalyseur du processus du développement général. Elle considère le crédit comme un instrument d'émancipation, comme une arme donnée pour faire évoluer leur situation socio-économique aux pauvres qui ont été tenus à l'écart des banques pour la simple raison qu'ils étaient pauvres et donc financièrement inintéressants. Le professeur Muhammad Yunus, fondateur et directeur général de la Banque Grameen, est quant à lui parti du principe que si des ressources financières étaient mises à la disposition des pauvres à des conditions appropriées et raisonnables "ces millions de petites gens, avec leurs millions de petites activités, pourraient finir par faire quelque chose de prodigieux dans l'histoire du développement".