Page:Rattazzi - Le piège aux maris, 1865.djvu/91

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courtisanes célèbres qu’elle avait lancées, ni des malheurs qu’elle avait eus, ni de la famille pauvre qu’elle était forcée de soutenir. À quoi bon ? Les hommes l’auraient voulue plus amusante et les petites filles la trouvaient brusque. Elle s’en moquait. Si on lui demandait : – Êtes-vous riche ? Elle répondait invariablement : – Je gagne ma vie ! Et c’était vrai. Elle ne gagnait pas beaucoup au-delà. Son loyer, ses frais et les non-valeurs prélevés, ses profits ne dépassaient pas sept à huit mille francs par an. Il est vrai que ces quelques mille francs pouvaient, et au-delà, suffire à ses besoins personnels ; mais elle ne plaçait pas son superflu. Elle en disposait, on ne savait pour qui, ni de quelle façon. On parlait d’un fils ; toujours est-il qu’on ne le voyait pas.

– Vous êtes en avance, monsieur le vicomte ! fit-elle, en saluant les deux jeunes gens. Mais ma pratique ne peut tarder à arriver.

– Très bien, chère madame. En l’attendant, permettez-moi de vous présenter mon ami, un romancier qui vient ici étudier les êtres, garçon discret du reste, et qui ne racontera