Page:Raymond - De la peinture considérée dans ses effets sur les hommes en général, 1799.djvu/111

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peintres ne parviennent à donner à toutes leurs figures cette ressemblance que donna, dit-on, Panœnus aux principaux chefs de la bataille de Marathon : ressemblance inutile encore aux yeux de celui qui ne connaîtrait pas d’avance les traits de chaque personnage. A quels caractères pourrai-je donc reconnaître le sujet d’un tableau ? Sera-ce au costume et à ces circonstances dont je parle ? Mais cela suppose encore une connaissance antérieure du sujet. Ainsi la Peinture ne peut m’apprendre ce que j’ignore : elle ne peut que rappeler à ma mémoire ce qui m’était connu d’avance. Je lirai, si l’on veut, sur les visages l’espèce de sentiment qui anime les acteurs d’un événement, mais je n’entends pas leur langage : ces dialogues sublimes, ces expressions nobles, ces sentences profondes, qui font souvent tout le beau d’une action, ne peuvent être rendus par la Peinture. Elle pourra me présenter dans Sertorius et Pompée toute la grandeur et toute la fierté romaines ; je verrai sans doute deux héros,