Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
Histoire philosophique

violente d’un reptile comme une eſpèce d’anaſſinat. Le brame, avant que de s’aſſeoir à terre, balayoit la place avec un pan de ſa robe, & diſoit à Dieu : Si j’ai fait deſcendre ma bienveillance juſqu’à la fourmi, j’eſpère que tu feras deſcendre la tienne juſqu’à moi.

La population eſt un devoir primitif, un ordre de la nature ſi ſacré, que la loi permet de tromper, de mentir, de ſe parjurer pour favoriſer un mariage. C’eſt une action malhonnête qui ſe fait par-tout, mais qui ne fut licite que chez les Indiens. Ne ſeroit-il pas de la ſageſſe du légiſlateur, dans pluſieurs autres cas, d’autorifer ce qu’il ne peut, ni empêcher, ni punir ?

La polygamie eſt permiſe par toutes les religions de l’Aſie, & la pluralité des maris tolérée par quelques-unes. Dans les royaumes de Boutan & du Thibet, une ſeule femme ſert ſouvent à toute une famille, ſans jalouſie & ſans trouble domeſtique.

La virginité eſt une condition eſſentielle à la validité de l’union conjugale. La femme eſt ſous le deſpotiſme de ſon mari. Le code des Indiens dit que la femme maîtreſſe d’elle-même ſe conduira toujours mal, & qu’il ne faut