Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
des deux Indes.
137

Les naturels du pays étoient trop foibles, trop lâches, trop diviſés, pour mettre des bornes aux proſpérités de cette nation brillante. Elle n’avoit à prendre des précautions que contre les Égyptiens ; & elle n’en oublia, n’en différa aucune.

XI. Manière dont l’Europe commerçoit avec l’Inde, avant que les Portugais euſſent doublé le cap de Bonne-Eſpérance.

L’Égypte, que nous regardons comme la mère de toutes les antiquités hiſtoriques, la première ſource de la police, le berceau des ſciences & des arts ; l’Égypte, après avoir reſté durant des ſiècles iſolée du reſte de la terre, que ſa ſageſſe dédaignoit, connut & pratiqua la navigation. Ses habitans négligèrent long-tems la Méditerranée, où, ſans doute, ils n’appercevoient pas de grands avantages, pour tourner leurs voiles vers la mer des Indes, qui étoit le vrai canal des richeſſes.

À l’aſpect d’une région ſituée entre deux mers, dont l’une eſt la porte de l’Orient, & l’autre eſt la porte de l’Occident, Alexandre forma le projet de placer le ſiège de ſon empire en Égypte, & d’en faire le centre du commerce de l’univers. Ce prince, le plus éclairé des conquérans, comprit que s’il y avoit un moyen de cimenter l’union des