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des deux Indes.
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qui égorgent ſi ſouvent leur maître, n’ont-ils jamais penſé à changer leur gouvernement. Cette idée eſt au-deſſus de leurs âmes énervées & corrompues. C’en étoit donc fait de la liberté du monde entier ; elle étoit perdue, ſi le peuple de la chrétienté, le plus ſuperſtitieux, & peut-être le plus eſclave, n’eut arrêté le progrès du fanatiſme des Muſulmans, & briſé le cours impétueux de leurs conquêtes, en leur coupant le nerf des richeſſes. Albuquerque fit plus. Après avoir pris des meſures efficaces pour qu’aucun vaiſſeau ne pût paſſer de la mer d’Arabie dans les mers des Indes, il chercha à ſe donner l’empire du golfe Perſique.

XIV. Les Portugais acquièrent la domination dans le golfe Perſique.

Au débouché du détroit de Moçandon, qui conduit dans ce bras de mer, eſt ſituée l’iſle de Gerun. C’eſt ſur ce rocher ſtérile qu’un conquérant Arabe bâtit dans le onzième ſiècle une ville, devenue, avec le tems, la capitale d’un royaume qui, d’un coté, s’étendoit aſſez avant dans l’Arabie, & de l’autre dans la Perſe. Ormuz avoit deux bons ports ; il étoit grand, peuplé, fortifié. Il ne devoit ſes richeſſes & ſa puiſſance qu’à ſa ſituation. Il ſervoit d’entrepôt au commerce