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des deux Indes.
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quateur, au milieu des forêts & des campagnes chéries du ciel, où tout invitoit à jouir en paix d’une vie qui ſembloit ne devoir s’abréger & ſe perdre que dans l’uſage & l’excès des plaiſirs, C’eſt-là qu’un peuple eſclave obéiſſoit à un deſpote, que repréſentoient vingt tyrans. Le deſpotiſme d’un ſultan ſembloit s’être appeſanti ſur la multitude, en ſe ſubdiviſant entre les mains des grands vaſſaux.

Cet état de guerre & d’oppreſſion avoit mis la férocité dans tous les cœurs. Les bienfaits de la terre & du ciel, versés à Malaca, n’y avoient fait que des ingrats & des malheureux. Des maîtres vendoient leur ſervice, c’eſt-à-dire, celui de leurs eſclaves, à qui pouvoit l’acheter. Ils arrachoient leurs ſerfs à l’agriculture. Une vie errante & périlleuſe, ſur mer & ſur terre, leur convenoit mieux que le travail. Ce peuple avoit conquis un archipel immenſe, célèbre dans tout l’Orient ſous le nom d’iſles Malaiſes. Il avoit porté dans ſes nombreuſes colonies, ſes loix, ſes mœurs, ſes uſages, &, ce qu’il y avoit de ſingulier, la langue la plus douce de l’Aſie.

Cependant Malaca étoit devenu, par ſa