Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/223

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
des deux Indes.
201

des Chinois, eſt le caractère de la nation la plus laborieuſe que l’on connoiſſe, & l’une de celles dont la conſtitution phyſique exige le moins de repos. Tous les jours de l’année ſont pour elle des jours de travail, excepté le premier, deſtiné aux viſites réciproques des familles, & le dernier, conſacré à la mémoire des ancêtres. L’un eſt un devoir de ſociété, l’autre un culte domeſtique. Chez ce peuple de ſages, tout ce qui lie & civiliſe les hommes eſt religion, & la religion elle-même n’eſt que la pratique des vertus ſociales. C’eſt un peuple mûr & raiſonnable, qui n’a beſoin que du frein des loix civiles pour être juſte. Le culte intérieur eſt l’amour de ſes pères, vivans ou morts ; le culte public eſt l’amour du travail ; & le travail le plus religieuſement honoré, c’eſt l’agriculture.

On y sévère la généroſité de deux empereurs, qui, préférant l’état à leur famille, écartèrent leurs propres enfans du trône pour y faire aſſeoir des hommes tirés de la charrue. On y vénère la mémoire de ces laboureurs qui jettèrent les germes du bonheur & de la fiabilité de l’empire, dans le ſein fertile de la terre ; ſource intariſſable de la reproduc-