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des deux Indes.
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redevance eſt employée à la nourriture du magiſtrat & du ſoldat. Le prix de la portion des récoltes qu’on a vendue, ne ſort du fiſc que pour les beſoins publics. Enfin, il en reſte dans les magaſins pour les tems de diſette, où l’on rend au peuple ce qu’il avoit comme prêté dans les tems d’abondance.

Des peuples, qui jouiſſoient de tant d’avantages, ont dû ſe multiplier prodigieuſement dans une région où les femmes ſont extrêmement fécondes ; où rien n’eſt ſi rare que la débauche ; où l’étendue des droits paternels inſpire néceſſairement la paſſion d’une poſtérité nombreuſe ; où il règne dans les fortunes une égalité que la différence des conditions rend ailleurs impoſſible ; où le genre de vie eſt généralement ſimple, peu diſpendieux, & tend toujours à la plus auſtère économie ; où les guerres ne ſont, ni fréquentes, ni meurtrières ; où le célibat eſt proſcrit par les mœurs ; où la ſalubrité du climat repouſſe les épidémies. Auſſi n’y a-t-il pas dans l’Univers de contrée auſſi peuplée. Elle l’eſt même trop, puiſque les annales de l’empire atteſtent qu’il y a peu de mauvaiſe récoltes qui n’occaſionnent des révoltes.