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des deux Indes.
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pas le contrat inviolable qui l’a mis ſur le trône. Il eſt ſi convaincu que le peuple connoit ſes droits & les fait défendre, que, lorſqu’une province murmure contre le mandarin qui la gouverne, il le révoque ſans examen, & le livre à un tribunal qui le pourſuit, s’il eſt coupable. Mais ce magiſtrat fût-il innocent, il ne ſeroit pas remis en place. C’eſt un crime en lui d’avoir pu déplaire au peuple. On le traite comme un inſtituteur ignorant, qui priveroit un père de l’amour que ſes enfans lui portoient. Une complaiſance, qui entretiendroit ailleurs une fermentation continuelle, & qui y feroit la ſource d’une infinité d’intrigues, n’a nul inconvénient à la Chine, où les habitans ſont naturellement doux & juſtes, & où le gouvernement eſt conſtitué de manière que ſes délégués n’ont que rarement des ordres rigoureux à exécuter.

Cette néceſſité où eſt le prince d’être juſte, doit le rendre plus ſage & plus éclairé. Il eſt à la Chine, ce qu’on veut faire croire aux autres princes qu’ils ſont par-tout, l’idole de la nation. Il ſemble que les mœurs & les loix y tendant, de concert, à établir cette