Page:Raynal - Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v1.djvu/243

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
des deux Indes.
221

On ne doit pas tarder à voir tout-à-fait revivre le caractère eſtimable de la nation ; cet eſprit de fraternité, de famille ; ces liens aimables de la ſociété, qui forment dans le peuple la douceur des mœurs & l’attachement inviolable aux loix. Les erreurs & les vices politiques ne ſauroient prendre de fortes racines dans un pays où l’on n’élève aux emplois que des hommes de la ſecte des lettrés, dont l’unique occupation eſt de s’inſtruire des principes de la morale & du gouvernement. Tant que les vraies lumières ſeront recherchées, tant qu’elles conduiront aux honneurs, il y aura dans le peuple de la Chine un fonds de raiſon & de vertu qu’on ne verra pas dans les autres nations.

Cependant il faut avouer que la plupart des connoiſſances, fondées ſur des théories un peu compliquées, n’y ont pas fait les progrès qu’on devoit naturellement attendre d’une nation ancienne, active, appliquée, qui, depuis très-long-tems, en tenoit le fil. Mais cette énigme n’eſt pas inexplicable. La langue des Chinois demande une étude longue & pénible, qui occupe des hommes tout entiers durant le cours de leur vie. Les rites,