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Histoire philosophique
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les habitans ? Si ce peuple peut avoir des mœurs bien douces ? Si une nation où les loix ne préviennent ni ne puniſſent l’expoſition ou le meurtre des nouveaux-nés, eſt civilisée ou barbare ? Si le ſentiment de l’humanité, la bienfaiſance, la commisération y ſubſiſtent dans un degré bien éminent ? & ſi un peuple, que les circonſtances les plus extraordinaires invitoient à fonder des colonies, eſt bien ſage, lorſqu’il n’imagine pas ou qu’il dédaigne un remède auſſi ſimple, auſſi sûr, à des malheurs effroyables & toujours renaiſſans ?

Il eſt difficile juſqu’ici de faire grand cas de la prudence chinoiſe. Voyons ſi l’examen de la conſtitution de l’empire, de la conduite du ſouverain & de ſes miniſtres, de la ſcience des lettrés & des mœurs du peuple, ne nous en donneront pas une idée plus ſublime.

3°. Un auteur grave, qui n’eſt pas dans la foule des admirateurs de la ſageſſe chinoiſe, dit expreſſément que le bâton eſt le ſouverain de la Chine. Sur ce mot plaiſant & profond, on aura, je crois, quelque peine à ſe perſuader qu’une nation, où l’homme eſt traité comme on traite ailleurs les ani-