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des deux Indes.

en palanquin que les officiers marchoient à l’ennemi. On ne leur trouvoit plus ce courage brillant qui avoit ſoumis tant de peuples. Les Portugais ne combattoient guère ſans l’appât d’un riche butin. Bientôt le monarque ne toucha plus le produit des tributs que lui payoient plus de cent cinquante princes de l’Orient. Cet argent ſe perdit dans les mains qui l’avoient arraché. Tel étoit le brigandage dans les finances, que les tributs des ſouverains ; le produit des douanes, qui devoit être immenſe ; les impôts qu’on levoit en or, en argent, en épiceries ſur les peuples du continent & des iſles, ne ſuffiſoient pas pour l’entretien de quelques citadelles, & l’équipement des vaſſeaux néceſſaires à la protection du commerce.

Il ſeroit triſte d’arrêter les yeux ſur le déclin d’une nation qui ſe ſeroit ſignalée par des exploits utiles au genre-humain, qui auroit éclairé le monde, ou procuré la ſplendeur & la félicité de ſa contrée, ſans être le fléau de ſes voiſins ou des régions éloignées. Mais on doit mettre une grande différence entre le héros qui teint la terre de ſon ſang pour la défenſe de & patrie, & des brigands