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des deux Indes.

& devenu témoin de vos forfaits, je me ſuis séparé de vous ; je me ſuis précipité parmi vos ennemis, j’ai pris les armes contre vous ; j’ai baigné mes mains dans votre ſang. J’en fais ici la proteſtation ſolemnelle ; & ſi je ceſſe un moment de vous voir comme des nuées de vautours affamés & cruels, avec auſſi peu de morale & de conſcience que ces oiſeaux de proie ; puiſſe mon ouvrage ; puiſſe ma mémoire, s’il m’eſt permis d’eſpérer d’en laiſſer une après moi, tomber dans le dernier mépris, être un objet d’exécration !

XXV. Brillante adminiſtration de Caſtro.

Caſtro étoit fort inſtruit pour ſon ſiècle. Il avoit l’âme noble, élevée ; & la lecture des anciens l’avoit nourri dans cet amour de la gloire & de la patrie, ſi commun chez les Grecs & chez les Romains.

Dès les premiers tems de ſa ſage & brillante adminiſtration, Cojè-Sophar, miniſtre de Mahmoud, Roi de Cambaie, ſut inſpirer à ſon maître le deſſein d’attaquer les Portugais. Cet homme né, à ce qu’on aſſure, d’un père Italien & d’une mère Grecque, étoit parvenu, de l’eſclavage, au miniſtère & au commandement des armées. Il s’étoit fait Muſulman ; il n’avoit aucune religion,