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Histoire philosophique
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quérans de l’Inde ; & leur patrie, épuisée par un trop grand nombre d’entrepriſes & de colonies, n’avoit plus de quoi les remplacer. Les défendeurs des établiſſemens Portugais étoient nés en Aſie. L’abondance, la douceur du climat, le genre de vie, peut-être les alimens, avoient fort altéré en eux l’intrépidité de leurs pères. Ils ne conſervèrent pas allez de courage pour ſe faire craindre, en ſe livrant à tous les excès qui font haïr. C’étoient des monſtres familiarisés avec le poiſon, les incendies, les aſſaſſinats. Tous les particuliers étoient excités à ces horreurs, par l’exemple des hommes en place. Ils égorgeoient les naturels du pays ; ils ſe déchiroient entre eux. Le gouverneur qui arrivoit, mettoit aux fers ſon prédéceſſeur pour le dépouiller. L’éloignement des lieux, les faux témoignages, l’or versé à pleines mains aſſuroient l’impunité à tous les crimes.

L’iſle d’Amboine fut le premier pays qui ſe fit juſtice. Dans une fête publique, un Portugais ſaiſit une très-belle femme ; &, ſans aucun égard pour les bienséances, il lui fit le dernier des outrages. Un des inſulaires, nommé Genulio, ayant armé ſes conci-