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Histoire philosophique
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ſecours de Cochin, & des vaiſſeaux à Ceylan. L’archevêque, dont l’autorité étoit ſans bornes, voulut s’y oppoſer. Monſieur, lui dit Ataïde, vous n’entendez rien à nos affaires ; bornez-vous à les recommander à Dieu. Les Portugais, arrivés d’Europe, firent, au ſiège de Goa, des prodiges de valeur. Ataïde eut ſouvent de la peine à les empêcher de prodiguer inutilement leur vie. Pluſieurs, malgré ſes défenſes, ſortoient en ſecret la nuit, pour aller attaquer les aſſiègeans dans leurs lignes.

Le vice-roi ne comptoit pas ſi abſolument ſur la force de ſes armes, qu’il ne crût devoir employer la politique. Il fut inſtruit qu’Idalcan étoit gouverné par une de ſes maîtreſſes, qu’il avoit amenée à ſon camp. Cette femme ſe laiſſa corrompre, & lui vendit les ſecrets de ſon amant. Idalcan s’apperçut de la trahiſon, mais il ne put découvrir le traître. Enfin, après dix mois de combats & de travaux, ce prince, qui voyoit ſes tentes ruinées, ſes troupes diminuées, ſes éléphans tués, la cavalerie hors d’état de ſervir, vaincu par le génie d’Ataïde, leva le ſiège, & ſe retira la honte & le déſeſpoir dans le cœur.