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des deux Indes.

eux-mêmes après avoir tout dévoré. Cependant les nations adjacentes tournent autour, comme on voit dans les campagnes les animaux voraces. Elles s’emparent ſans effort d’une contrée ſans défenſe. Alors les peuples paſſent ſous un état pire qu’au ſortir de la barbarie. Les loix du conquérant luttent contre les loix du peuple conquis ; les uſages de l’un contre les uſages de l’autre ; ſes mœurs contre ſes mœurs : ſa religion contre ſa religion ; ſa langue ſe confond avec un idiome étranger. C’eſt un cahos dont il eſt difficile de préſager la fin ; un cahos qui ne ſe débrouille qu’après le laps de pluſieurs ſiècles, & dont il reſte des traces que les événemens les plus heureux n’effacent jamais entièrement.

Telle eſt l’image du Portugal à la mort du roi Sébaſtien, juſqu’à ce que ce royaume paſſa peu-à-peu ſous la domination de Philippe II. Alors, les Portugais de l’Inde ne crurent plus avoir une patrie. Quelques-uns ſe rendirent indépendans ; d’autres ſe firent corſaires, & ne reſpectèrent aucun pavillon. Pluſieurs ſe mirent au ſervice des princes du pays, & ceux-là devinrent preſque tous mi-