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des deux Indes.
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un mélange de monarchie, d’ariſtocratie, de démocratie. On y voyoit un chef, qui n’étoit proprement que le premier des citoyens, & qui donnoit moins des ordres que des conſeils. Les grands, qui jugeoient les procès de leur diſtrict, & commandoient les troupes, étoient choiſis, comme les rois, dans les aſſemblées générales. Cent perſonnes, priſes dans la multitude, ſervoient de ſurveillans à chaque comte, & de chefs aux différens hameaux. La nation entière étoit, en quelque forte, une armée toujours ſur pied. Chaque famille y compoſoit un corps de milice, qui ſervoit ſous le capitaine qu’elle ſe donnoit.

Telle étoit la ſituation de la Batavie, lorſque Céſar paſſa les Alpes. Ce général Romain battit les Helvétiens, pluſieurs peuples des Gaules, les Belges, les Germains, qui avoient paſſé le Rhin, & pouſſa ſes conquêtes au-delà du fleuve. Cette expédition, dont l’audace & le ſuccès tenoient du prodige, fit rechercher la protection du vainqueur.

Des écrivains, trop paſſionnés pour leur patrie, aſſurent que les Bataves firent alors alliance avec Rome ; mais ils ſe ſoumirent, en effet, à condition qu’ils ſe gouverneroient