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des deux Indes.
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avoit des loix particulières, des privilèges fort étendus, un gouvernement preſque iſolé. Tout s’éloignoit de cette unité précieuſe, de laquelle dépendent également le bonheur & la sûreté des empires & des républiques. Une longue habitude avoit familiarisé les peuples avec cette eſpèce de cahos, & ils ne ſoupçonnoient pas qu’il pût y avoir d’adminiſtration plus raiſonnable. Le préjugé étoit ſi ancien, ſi général & ſi affermi, que Maximilien, Philippe & Charles, ces trois premiers princes Autrichiens, qui jouirent de l’héritage de la maiſon de Bourgogne, ne crurent pas devoir entreprendre de rien innover. Ils ſe flattèrent que quelqu’un de leurs ſucceſſeurs trouveroit des circonſtances favorables, pour exécuter avec sûreté, ce qu’ils ne pouvoient ſeulement tenter ſans riſque.

II. Fondation de la république de Hollande.

Alors ſe préparoit en Europe une grande révolution dans les eſprits. La renaiſſance des lettres, un commerce étendu, les inventions de l’imprimerie & de la bouſſole, amenoient le moment où la raiſon humaine devoit ſecouer le joug d’une partie des préjugés, qui avoient pris naiſſance dans les tems de barbarie.