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des deux Indes.
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s’appellèrent crimes d’état, & les diſcours imprudens, crimes de lèze-majeſté. La persécution fut érigée en légiſlation. Il fallut noyer ſucceſſivement trois générations dans leur propre ſang ; & des pères rebelles donnèrent le jour à des fils proſcrits.

Le Japon ne fut, durant un ſiècle, qu’un cachot rempli de criminels, & un théâtre de ſupplices. Le trône, élevé ſur les débris de l’autel, étoit entouré de gibets. Les ſujets étoient devenus atroces comme leur tyran. Avides de la mort, ils la cherchoient ſouvent par des crimes qui, ſous le deſpotiſme, ne pouvoient leur manquer. Au défaut de bourreaux, ils ſe puniſſoient de leur eſclavage, ou ſe vengeoient de la tyrannie, en ſe donnant la mort. Un nouveau courage, un nouveau motif de la braver, vint les aider à ſouffrir. Ce fut le chriſtianiſme que les Portugais leur avoient apporté.

Ce nouveau culte trouva dans l’oppreſſion des Japonois, le germe le plus fécond de prolélytiſme. On écouta des miſſionnaires qui prêchoient une religion de ſouffrances. En vain la doctrine de Confucius cherchoit à s’inſinuer chez un peuple voiſin de la Chine.