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Histoire philosophique
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mangent après le repas, pour rendre la digeſtion meilleure ; ou ils s’en ſervent comme d’un remède agréable contre le ſcorbut.

Le clou de girofle, pour être parfait, doit être bien nourri, peſant, gras, facile à caſſer, d’une odeur excellente, d’un goût chaud & aromatique, preſque brûlant à la gorge, piquant les doigts quand on le manie, & y laiſſant une humidité huileuſe quand on le preſſe. La grande conſommation s’en fait dans les cuiſines. Il eſt tellement recherché dans quelques pays de l’Europe, & ſur-tout aux Indes, que l’on y mépriſe preſque toutes les nourritures où il ne ſe trouve pas. On le mêle dans les mets, dans les vins, dans les liqueurs ; on l’emploie auſſi parmi les odeurs. On s’en ſert peu dans la médecine ; mais on en tire une huile dont elle fait un aſſez grand uſage.

La compagnie a partagé aux habitans d’Amboine, quatre mille terreins, ſur chacun deſquels elle a d’abord permis, & s’eſt vu forcée vers l’an 1720, d’ordonner qu’on plantât cent vingt-cinq arbres, ce qui forme un nombre de cinq cens mille girofliers. Chacun donne, année commune, au-delà de deux livres de