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des deux Indes.
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Ce ſont ces tems calmes que les gouverneurs d’Amboine & de Banda emploient à parcourir les iſles, où, dès les premiers jours de ſa puiſſance, la compagnie détruiſit les épiceries. Leur odieux miniſtère ſe réduit à lutter contre la libéralité de la nature, & à couper les arbres par-tout où ils repouſſent. Tous les ans, ils ſont obligés de recommencer leurs courſes, parce que la terre, rebelle aux mains qui la dévaſtent, ſemble s’obſtiner contre la méchanceté des hommes ; & que la muſcade & le girofle, renaiſſant ſous le fer qui les extirpe, trompent une avidité cruelle, ennemie de tout ce qui ne croît pas pour elle ſeule. Ces abominables expéditions commencent & finiſſent par des fêtes, dont les détails feroient frémir l’âme la moins ſenſible, ſi la plume ne ſe refuſoit à les retracer.

L’eſprit de toutes les fêtes civiles & religieuſes, depuis leur première origine juſqu’à nos jours, ſous les cabanes du ſauvage & dans les villes policées, eſt de rappeler quelque époque favorable, quelque événement heureux. Elles ont chacune leur caractère. Le prêtre fait retentir l’air du ſon de ſes cloches ; il ouvre les portes de ſon temple ; il