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des deux Indes.
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juſtice qu’ils n’écoutent pas, ce ſont vos flèches qu’il faut leur adreſſer. Il en eſt tems ; Riebeck approche. Celui-ci ne vous fera peut-être pas tout le mal que je vous annonce ; mais cette feinte modération ne ſera pas imitée par ceux qui le ſuivront. Et vous, cruels Européens, ne vous irritez pas de ma harangue. Ni le Hottentot, ni l’habitant des contrées qui vous reſtent à dévaſter ne l’entendront. Si mon diſcours vous offenſe, c’eſt que vous n’êtes pas plus humains que vos prédéceſſeurs ; c’eſt que vous voyez dans la haine que je leur ai vouée celle que j’ai pour vous.

Riebeck, ſe conformant aux idées malheureuſement reçues chez les Européens, commença par s’emparer du territoire qui étoit à ſa bienséance, & il ſongea enſuite à s’y affermir. Cette conduite déplut aux naturels du pays. Pourquoi, dit leur envoyé à ces étrangers, pourquoi avez-vous ſemé nos terres ? Pourquoi les employez-vous à nourrir vos troupeaux ? De quel œil verriez-vous ainſi uſurper vos champs ? Vous ne vous fortifiez que pour réduire, par degrés, les Hottentots à l’eſclavage. Ces repréſentations furent ſuivies de quel-