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des deux Indes.
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devoit fixer ſa cour, & s’aſſura de lui par une citadelle où eſt établie une garde qui n’a de fonction apparente, que celle de veiller à la conſervation du prince. Après toutes ces précautions, elle ſe fit un art de l’endormir dans le ſein des voluptés, d’amuſer ſon avarice, par des préſens, de flatter ſa vanité par des ambaſſades éclatantes. Depuis cette époque, le prince & ſes ſucceſſeurs, auxquels on a donné une éducation convenable au rôle qu’ils devoient jouer, n’ont été que les vils inſtrumens du deſpotiſme de la compagnie. Elle n’a beſoin, pour le ſoutenir, que de trois cens cavaliers & de quatre cens ſoldats, dont l’entretien, avec celui des employés, coûte 835 000 livres.

On eſt bien dédommagé de cette dépenſe par les avantages qu’elle aſſure. Les ports de cet état ſont devenus les chantiers où l’on conſtruit tous les petits bâtimens, toutes les chaloupes que la navigation de la compagnie occupe. Elle y trouve toutes les boiſeries néceſſaires pour ſes différens établiſſemens de l’Inde, & pour une partie des colonies étrangères. Elle y charge encore les productions que le royaume s’eſt obligé à lui livrer, c’eſt-